C’était ce que je redoutais le plus. Me retrouver seule avec mes enfants et être malade.
« Tu vas faire comment sans moi quand tu seras entrain de creuver ! Hein tu feras comment ?! »
Je suis tombée très malade. Bien plus que ce que je pouvais l’imaginer. Et on a dû gérer cela tous les cinq.
Au début je l’ai vécu seule. Dans le secret le plus total. C’était un choix stratégique pensant que si je l’occultais, j’arriverai à tout gérer ni vu ni connu.
Je ne réalisais pas la gravité du truc. Jusqu’à mon premier matin où je n’ai pu sortir de mon lit tellement ma fatigue m’y clouait. Sachant que je suis le réveil de mes enfants, ils ont vite compris que maman avait un problème.
Quand les médecins m’ont préconisé de préparer un éventuel départ, j’ai du me renseigner sur l’émancipation de Paul, prendre une concession dans ma ville, réfléchir à la suite avec des assurances décès, prévoyance et autres joyeusetés. J’ai prévu une modification de bail pour que mon fils y soit et puisse garder l’appartement avec ses frères. J’ai même choisi mon épitaphe unique mais qui me ressemble tellement.
J’ai laissé de côté tout ce qui pouvait se conjuguer au futur (même proche) de peur de ne pas tenir parole. Vous n’imaginez pas la pression que j’ai eu en disant oui à Aurelie pour être sa témoin et leur officiante. C’était dans 6 mois et je ne savais même pas si j’allais y arriver.
Car les traitements m’ont tué. Épuisée. Creuvée. J’ai vomi des heures, dans des endroits où personne souhaite que ça lui arrive. J’ai maigri. Je me sentais clairement mourir. Chaque soir j’avais cette peur de ne pas me réveiller.
Et mes enfants ont vu cette descente aux enfers mais ils ont vu aussi leur mère combattive et rigolote.
Aussi difficile l’épreuve que je traversais, j’ai profité de chaque brin d’énergie pour vivre! Et on peut le dire, j’ai treeeees bien profité ! (Thanks God) Un « je m’enfoutisme » total, que du kiff. J’ai osé, j’ai ri, je suis allée au bout de mes limites et c’est ce qui m’a fait tenir durant le combat.
La maladie m’a changé. Définitivement. J’ai presqu’envie de lui dire merci car oui je fais parti de ces gens qui voit la vie autrement.
L’union qu’elle a crée avec mes enfants est puissante. Si je vais mieux aujourd’hui c’est aussi grâce à cette équilibre que l’on a trouvé ensemble et le fait d’être une vraie équipe face à l’adversité.
Quand je les vois inquiet forcément j’ai un pincement de culpabilité sur quelque chose qui n’est pas de ma faute…
Puis je leur demande de me faire confiance car dans tous les cas ça ira.
Aujourd’hui j’ai repris ma vie en main. Je ne vois plus la fatalité. Je me projete sans problème. On verra bien de toute manière je n’ai pas de contrôle dessus.
Je prends soin de moi et ne baisse pas les bras quand ça ne va pas. J’ai modifié mon alimentation car le challenge whole 30 m’a permis de connaître ce qui est bon ou non pour moi. Je me force à mettre mes jambes en mouvement et continue mes exercices malgré les douleurs. J’apprends a m’accepter avec ce corps frêle, souvent marqué d’hématomes et cette démarche un peu bancale…(déjà a que je n’avais pas de seins… bref)
J’ai décidé d’être maître de mon corps et clairement la médecine m’a laissé de gros stigmates. N’importe quel soin me met dans un état de panique total. Je ne peux plus. Je n’y arrive plus.
Protocole, injections, prise de sang, séance de kinésithérapie et tout le toutim je n’y arrive plus. Depuis presqu’un an j’apprends à ressentir mon corps et aujourd’hui j’arrive à définir de moi même quand je vais bien ou non. Alors j’ai décidé de faire comme ça et de me faire confiance.
Dans cette bataille, j’ai perdu des relations. Certaines plus douloureuses que d’autres. Et de façon improbable j’en ai fait une qui a changé ma vie.
Alors oui, merci ma maladie, tu m’as permise d’être celle que je suis et bien plus encore.
Candice, reconnaissante des épreuves